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La Chasse au Lion de Cauville

Le lion de Cauville et notre chasseur (source : Almanach du Havre)

Oh, je sais, vous vous dîtes que vous m’entendez venir avec mes gros sabots !

“Tu nous prends pour des lapereaux de trois semaines, on est le premier Avril Clesius !”

Hé oui !

Mais non, je vous vend pas des salades avec ma chasse au Lion…

Je vous promet bel et bien un lion d’ici la fin de cette petite pause lecture que vous vous offrez !

Un Lion d’Afrique à Cauville.

J’ai lu un article qui le dit dans un almanach havrais.

Donc si c’est dans un almanach, ancêtre de Wikipedia, c’est forcément vrai non ?

En réalité, d’après cet article, les coteaux pentus de la mi falaise de Cauville ont été le théâtre de chasse de quelques bêtes exotiques, et dont la plus illustre d’entre elles n’est autre que le roi des animaux !

Imaginez !

Nous sommes au début du siècle dernier.

Le jour se lève en ce printemps naissant sur les falaises crayeuses de notre pays cauvillais.

Un sentier du littoral s’enfonce dans la jungle de ronces et de jeunets serpentant péniblement jusqu’à l’estran.

Sous la voûte végétale, un curieux personnage arpente ce paysage qui nous est si familier.

En tenue coloniale, un homme aux grands airs, fusil à l’épaule.

C’est “le capitaine” et il est sur le qui-vive !

Pour cause, il chasse.

Une branche craque, une brise matinale souffle au dessus de la voûte.

“Diable le vent à tourné!”.

Notre capitaine s’arme de son fusil, doigt sur la gâchette.

En cet instant, le doute naît dans son esprit, est il le chasseur, ou bien la proie?

La jungle cauvillaise du Lion (source : chromatic.canalblog.com)

Un rocher de craie et de silex est venu mourir à cet endroit, sur les flancs de la falaise.
Un pommier sauvage y a décidé de pousser et d’étendre ses branches vers le plafond de branches bourgeonnantes partiellement clairsemé.

“Ce rocher sera parfait pour tendre une embuscade” se dit notre brave et courageux capitaine.

Avec une agilité et une dextérité déconcertante, il fait basculer son fusil d’épaule, et de l’autre main sort sa vieille pipe d’explorateur que l’experience d’un vétéran de la chasse lui avait dicté d’emporter avec lui et de bourrer au préalable.

Les cloches de Cauville sonnent au loin.

“Diable, point de trace de la bête”.

Notre capitaine tire une dernière bouffée sur la bouffarde, la tapote sur un vieux fossile d’oursin à la base d’une des racines du pommier.

“Let’s go” !

C’est alors qu’un rugissement rauque vient le saisir d’effroie, et à revers, notre aventurier. Il fait volte face notre capitaine, la terreur dans l’âme.

Ce n’est qu’un steamer qui croise au large des falaises, et qui grogne dans la direction de l’esquif de quelques péqueux du coin qui se trouve sur sa route.
C’est lui le plus gros c’est à eux de s’écarter. Rassuré, notre chasseur observant les deux navires s’amuse de la situation et se dit que “C’est pas la petite bête qui va manger la grosse…”

Il est maintenant question pour notre explorateur de quitter ce bosquet tranquille et de gagner les versants nus de la mi falaise.
Il sait qu’il sera “à découvert”, mais la chasse c’est savoir prendre des risques…

Et le lion sera lui aussi à découvert, forcément …

Notre chasseur gagne les versants nus de la mi falaise (source : Aquacaux)

Soudain, à 15 mètres du capitaine, sa majesté, immobile, assise sur un roc d’albâtre, toisant notre petit chasseur en toute quiétude.

Les yeux de l’animal fixaient avec intensité l’étranger de ces bois aux mains moites crispées sur son fusil.

Le lion ne fit aucun mouvement, il s’était dévoilé, c’était à notre capitaine de jouer à présent.

“Pas moyen de bouger, mais je dois agir maintenant ou il va m’échapper!” se dit le petit capitaine au chapeau colonial blanc ridicule.

Son altesse des animaux s'agace, et bat ses flancs avec sa queue.

Le capitaine brandit son fusil, vise la bête, et …

Le lion de Cauville et notre chasseur (source : Almanach du Havre)

Et mince, j’avais pas lu mon article jusqu’au bout …

Ce n’est là que le rêve d’un auteur facétieux…

Et je me suis fait prendre au piège tout comme vous.

Oui mais … Et la photo alors ?

“Trucage” dit mon auteur.

Futé, quand on sait que Photoshop n’existait pas encore.

Pourtant, un lion dans nos contrées, ce n’est pas du pipo.

Je vous avais bien promis un lion, le voila !

Voici ce que mon auteur nous raconte après sa farce :

Alors qu’il descendait dans le vallon de la solitude à Ste Adresse, il croisa la route d’un lion majestueux qui lui grimpait le chemin.
Curieuse rencontre !

La bête était alors accompagnée de son maître, et ils grimpaient tout deux la route de terre avec un air de nonchalance.
Mon auteur jure à travers les lignes de son article que le Lion lui avait décroché un regard, rien que pour lui, peut être complice ?

L’animal gracieux et son maître poursuivirent leur chemin, et tournèrent vers l’embrasure de porte de l’une de ces belles villa qui jalonnaient déjà le paysage dionysien de ce début de siècle.

Pour quelles raisons un lion Afrique viendrait il élire domicile à Sainte Adresse?

En réalité, et cette fois ci c’est pas des salades, Le pavillon “fauve” est une bien étrange ménagerie.
On y trouve, Lions, Tigres, Panthères, Ours…
Les pensionnaires sont sous bonne garde, et sortent de leur cages pour se faire tirer le portrait dans l’atelier de photographie attenant.
Mais ce n’est pas là la seule occupation de nos bêtes dionysiennes.
Elles battent régulièrement la campagne française, pour le cinéma bien sur!

Je ne sais pas où se trouvait le “Pavillon Fauve”, mais si quelques passionnés d’histoire locale de Sainte Adresse pouvaient en retrouver la trace, ce serait une formidable anecdote à resituer dans notre paysage urbain local.

J’ai malheureusement perdu la référence complète de l’almanach dans lequel j’ai photographié cet article dont je viens de vous faire un bien bref résumé.

Là encore, si quelques passionnés retrouvaient la référence je serai ravis de la partager à la fin de cet article.

Je vous dis à la prochaine les Curieux et les Curieuses !

Sources :

Almanach havrais

Aquacaux

Chromatic.canalblog.com

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