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Un Monstre “antédiluvien” Havrais

Iguanodons de Brenissart
(source : Artandculture)


Je n’ai pas écris d’article depuis quelques mois.

Et pour cause, j’aurais le plaisir le 7 Juillet prochain de vous accueillir dans ma petite boutique au 137 rue de Paris.

Un restaurant/pâtisserie au RDC, et Bouquiniste traditionnel à l’étage !

Alors forcément, vous vous en doutez, j’ai été un peu pris par le temps…

Aussi était il grand temps que je me remette au travail sur ce “blog”

Alors pour rattraper ce retard, j’ai voulu “marquer le coup”, et remonter loin, très loin dans notre Histoire…

Vraiment … très loin…

Je vous parle d’un temps que les moins de 100 Million d’années (MA) n’ont pas connu.

Suivez le guide.

La Terre il y a 105 MA (source : dinosaurpictures.org)

Nous sommes à la fin du XIXème siècle au muséum du Havre.

Dans une salle dite “basse” un homme travaille sans relâche.

La pièce n’est pas bien grande, et il n’y a pas beaucoup de lumière.

Pourtant ce chercheur travaille sans relâche, alimenté par la passion de son métier, de l’Histoire.

Cet homme c’est Gustave Lennier, et tel que vous le voyez dans son réduit, il est en train d’assembler les vertèbres d’une créature qu’il a lui même découvert dans les flancs des falaises du “Bout du Monde”.

Pour ceux qui viennent d’arriver, Le “Bout du Monde” c’est le bout de la plage de Sainte Adresse. Aujourd’hui l’endroit est terriblement pointé du doigt car il abrite l’un des plus vaste dépotoir “oublié” sur les bords de la Manche.

Mais c’est une autre affaire…

Le Bout Du Monde (source perso)

Revenons à M. Gustave Lennier.

Il a un sacré CV :

Naturaliste, géologue et explorateur. Fondateur et président de la Société géologique de Normandie (SGN). Conservateur du Muséum d’histoire naturelle et d’ethnographie du Havre. Il y a quelques années, il a exploré la côte occidentale de l’Afrique pendant trois ans !

Gustave Lennier n’est pas un lapereau de trois semaines si j’ose dire.

Gustave Lennier (source : milanocittadellescienze.it)

Dans cet obscure réduit, M. le conservateur est en train d’imaginer à quoi a bien pu ressembler la créature dont il est en train de manipuler les vertèbres.

Revenons sur cette découverte.

L’animal fut d’abord aperçu par un certains M. Savalle de la SGN.

Ce dernier, en virée au pied de la falaise de la Hève, cru apercevoir dans un bloc de roche calcaire grise solide quelques ossements.

L’on fit amener un cheval, et l’animal permit d’extraire le bloc pour le ramener au Havre, au muséum afin que M. Lennier, conservateur, puisse y jeter un oeil.

Il ne fit aucun doute aux yeux de ces deux experts qu’il fallait dégager les ossements du caillou.

Gustave Lennier s’attela donc à extraire le moindre petit ossement de ce bloc.

“C’est un dinosaurien ! Les cassures de l’os indique clairement que ce bloc s’est détaché d’une partie plus importante. Il faut retourner sur place pour trouver le reste de l’animal.”

Jugeant qu’il ne s’agissait là que d’une infime partie de la créature, il décida de monter une expedition au “Bout du Monde”.

Pendant des jours, il se mit en quête de l’endroit exact d’où était issu le fossile. Puis l’ayant trouvé, il installa une tente à flanc de falaise afin de commencer son travail de mine et d’extraction de la vaste carcasse fossilisée.

M. le conservateur travaillait pour ainsi dire, une roche argileuse molle située sur un banc de roche appelé le kimmeridgien supérieur.

Le Kimmeridgien, est une strate d’argile grise datant du jurassique !

Bref Le Havre des Dinosaures…

Dans un premier temps, M. Lennier dégage le pied de falaise, puis, commence le début de l’extraction des argiles kimmeridgiennes.

Etayant son amorce, il décide de quitter son campement pour la nuit.

Le lendemain à son retour, la sape s’est totalement effondrée. Il faut recommencer…

Trois jours passent, mais les éboulement sont fréquents et menace la vie de notre conservateur. Un esprit raisonnable sait quand il faut patienter, et M. Lennier abandonnera ses projets quelques temps.

Profitante d’une sécheresse à l’été, il retourne sur place. Le terrain est beaucoup plus stable. Mais le materiel nécessaire à la suite des travaux est onéreux, et le budget franchement limité de notre humble muséum de province n’est pas suffisant pour entreprendre l’extraction du fossile d’un dinosaure aux dimensions encore inconnues.

Le Muséum de Paris offrira son aide, mais M. Lennier préférera refuser poliment. Car accepter un financement parisien reviendrait à faire bénéficier exclusivement Paris de cette découverte.

“Pas question !”

Et vous savez quoi chers lecteurs…

Aujourd’hui, le dinosaure de Lennier est toujours dans ses argiles kimmeridgiennes… A moins que la Manche n’ait décidé de nous l’enlever à tout jamais.

Pour en être sur , faudrait creuser …

Le Muséum se contentera donc des six vertèbres extraites du premier bloc pour identifier l’animal.

Les 6 Vertèbres du Bout du Monde (source : Le Havre qui passe)

C’est amplement suffisant pour M. le conservateur Lennier pour identifier la créature.

C’est un Iguanodon !

Iguanodon et Humain (source wikipedia)

4 tonnes

5m de haut

7m de long…

Un sacré Morceau le Havrais du Jurassique !

L’iguanodon havrais aime fréquenter un paysage radicalement différent du notre actuellement.

Il vit sous un climat chaud et humide.

Il se déplace furtivement aux abords de gigantesques fougères, et de quelques vastes pins.

Pour ma part j’aime à imaginer que notre Havre jurassique était composé de petits îlots, plus ou moins vastes quelques peu semblables aux îles polynésiennes actuelles, mais en plus rapproché, à l’échelle de la haute et basse Normandie.

Depuis cette fameuse trouvaille, les bombes anglaises ont accomplit leur sombre besogne, et je ne sais pas ce que sont devenus ces six vertèbres d’Iguanodon .

Ce que je sais en revanche c’est qu’a la même époque, une découverte similaire fut faite en Belgique. Ce qui nous offre un bel exemple de ce qui gît encore sous nos pieds…

Iguanodons de Brenissart (source : Artandculture)

Iguanodons de Brenissart (source : Artandculture)

Iguanodons de Brenissart (source : Artandculture)

Je reste convaincu que l’Histoire est à portée de main.

Et je reste songeur à l’idée que de telles créatures ont pu fouler notre sol, qu’elles puissent reposer sous nos pieds à quelques mètres sous nos plages dans une argile grise un peu vaseuse.

Il y a encore quelques années je n’aurais jamais imaginé pouvoir trouver un vestige d’une époque aussi reculée.

Mais la bienveillance, et la patiente d’un ami m’ont permis de porter un regard différent sur ce littoral qui court sous nos yeux.

Le Kimméridgien aux alentours de Cauville (source perso)

Du bois fossilisé (source perso)

Il y a quelques années, en virée avec cet ami, nous avons fait la découverte d’un très beau fossile. La mandibule inférieure d’un Ichtyosaure.

Un Ichtyosaure vu par un artiste (source : la presse.ca)

Mandibule inférieure d’un ichtyosaure à Cauville (source perso, coll privée)

Les frontières du temps sont abolis quand on prends le temps de regarder ce qui nous entoure.

J’espère vous avoir donner envie de porter un autre regard sur nos plages.

Et si toutefois vous envisagiez un pic nique au “Bout du Monde” prenez donc garde aux dinosaures … 


Sources :

dinosaurpictures.org

Wikipedia

milanocittadellescienze.it

Le Havre qui passe

Artandculture

la presse.ca

Coll privée

Source perso

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Commentaires: 1
  • #1

    Paulette GOBERT (mercredi, 01 juillet 2020 09:17)

    A défaut d'etre près de vous le 7 juillet j'y serai par la pensée.
    JE NE DOUTE PAS DE VOTRE REUSSITE.