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Le mystère du puits du Prieuré de Graville

Notre beau Prieuré de Graville
(source : Wikipedia)

S’il est un lieu au Havre qui participe à draper notre ville d’une épaisse aura mystérieuse, c’est bien le Prieuré de Graville.

Aussi appelé Abbaye de Graville ou encore de la Vierge noire, ce prieuré domine la plaine du haut de la côte, et du haut de ses quasi 1000 ans d’histoire.

Véritable parenthèse dans la ville
(source : wikipedia)

Cet article n’a pas pour but de faire la lumière sur l’histoire de ce lieu magique.

Une page Wikipedia, des ouvrages riches, et de nombreuses études l’ont déjà mis en valeur.

A ce propos, je vous recommande la lecture de l’excellent article de Firenze.

Elle réussi à faire le lien entre le légendaire Jean Valjean de Victor Hugo et la réalité.

Son article ici

Ce qui m’a réellement intéressé quand je suis entré dans la cour du prieuré, c’est sa face cachée…

Ce qui gît dessous.

Ce qui n’est pas connu, ce qui a été oublié, ce qui n’a jamais été exploré.

L'entrée de quelques mystérieux souterrains
(source : wikipedia)

J’ai tout de suite repéré, au bout des tombes anciennes, quelques discrets cavages.

C’est ainsi que j’ai appris qu’il existait un ensemble de carrières qui s’étend aujourd’hui encore depuis le coteau.

Carrières ayant servi d’abri lors de la dernière guerre.

Mais là encore, la curiosité locale est connue, répertoriée, cartographiée, et même surveillée.

Pourtant les légendes sur ce Prieuré se font légion, de nos jours encore !

Mais alors pourquoi tant de mystères ?

Tout est écrit dans les livres, et puis les agents du musée sont sympathiques et répondent à toutes nos questions.

Majestueux en toute saison
(source : wikipedia)

Où est-elle cette ultime frontière entre la fiction et la réalité?

Ces légendes n’auraient elles donc aucune source?

Loin de là…

Quand j’ai commencé à m’intéresser au sujet du puits du Prieuré, je suis tombé sur un os (enfin façon de parler).

Car en vérité, il n’y a pas un puits… Mais des puits.

(source : google earth)

Leur position exacte n’est pas systématiquement identifiable.

Et pour cause, le temps, et l’activité des Hommes aura rendu ce patrimoine discret particulièrement inaccessible.

Un puits sert généralement de méthode d’accès à une couche souterraine spécifique.

Probablement a t on cherché, ici, à gagner les couches aquifères.

Il faut dire que la “côte” est un vrai gruyère.

Au fil des siècles, l’eau des centaines de sources a creusé de nombreux réseaux naturels de ruisseaux souterrains.

L’Homme aura vite su tirer profit de cet atout souterrain.

Ce qui se cache sous nos pieds
(source : PLU de la Ville du Havre)

Mais là encore !

Nuls mystères !

Les puits sont répertoriés, cartographiés, surveillés.

Je vais vous parler de l’un de ces puits.

C’est l’un des plus anciens.

Il est mentionné, dans le document ci dessus, à l’indice 107.

Ce puits aura alimenté le Prieuré en eau très tôt.

L’on estime sa conception au XIIème siècle.

D’abord creusé à ciel ouvert, puis, les années passants, le Prieuré se serait étendu jusqu’au dessus de lui.

Aujourd’hui il est logé dans un mur de l’une des salles souterraines. 

Les moines du Prieuré ont dû profiter longtemps de ce puits qui leur permettait d’acheminer de l’eau jusque dans leur bâtiments.

En 1906 un membre des “Amis du Vieux Havre” (actuel CHRH), découvre ce puits.

Il s’appelle Robert Mauger.

Il décrit un ouvrage logé dans un réduit minuscule, lui même muré.

Lors de sa découverte, ce réduit venait d’être démuré, et, par conséquent le puits était réapparu.

Tout comme aujourd’hui, les légendes étaient omniprésentes au Havre (si ce n’est davantage). 

Au moins aussi curieux que nous, notre aventurier se glisse dans le réduit.

Il découvre alors que le puits est en mauvaise condition.

Il fait état d’une voûte surplombant le puits, menaçant de s’écrouler; interdisant par là même toute exploration physique non sécurisée.

Il reviendra en 1910 avec la ferme intention de lever le mystère sur ce qui se trouve au fond de ce trou de ténèbres.

L’exploration physique étant toujours impossible, il usera d’un stratagème d’une incroyable ingéniosité.

Il fera descendre à l’aide d’une corde, une lampe acétylène pour éclairer le fond du puits. 

Ensuite il fera descendre un miroir qu’il inclinera, grâce à un mécanisme en bois descendu au préalable , à 45° afin d’observer depuis la “surface” avec des jumelles ce qui se trouve sous ses pieds… 19 mètres plus bas !!!

Schéma du puits de la salle basse
(source : perso)

Ci-dessus un schéma latéral (mal numérisé j’en conviens) de ce que ce chercheur a découvert.

9 mètres de parois maçonnée.

10 mètres de parois en plein roc.

Puis un tas de décombres… Et deux galeries inconnues ! ! !

Elle est là notre ultime frontière.

La ligne blanche entre le connu et l’inconnu.

Il décrit une galerie filant à l’ouest sous une voûte maçonnée assez importante, puis une autre galerie filant vers l’est.

Cette dernière semblait de plus petite constitution.

Hélas son installation d’observation, certes fort ingénieuse, ne lui permit pas de jeter un œil (distant) dans la galerie de l’est.

Aussi savons nous grâce à lui aujourd’hui que la galerie de l’Ouest est très profonde, et que sa longueur totale est … Inconnue.

Alors que pouvons nous faire ?

La guerre est passée par là, et le Prieuré a subit de nombreux ravages depuis 1910.

Que reste t il des galeries de l’est et de l’ouest ?

Où allaient elles ?

Le prieuré après guerre
(source : inconnue)

Nous ne pouvons nous autoriser que de formuler des hypothèses.

Peut être les moines ont ils épuisé leur source, aussi ont ils fait appel à quelques puisatiers afin de réaliser des captages pour alimenter leur puits.

 

Peut être existe t-il un couloir qui permettait de quitter le prieuré en toute tranquillité ?

Et si ? 

 

Et si la réponse se trouvait ailleurs.

Je voudrais vous faire part de mon hypothèse.

Voici un extrait du PLU de la ville qui montre la présence d’une longue, très longue galerie de captage filant vers le Prieuré.

à noter les carrières indiquées à l’indice 98.

La galerie de captage à l'indice 37
(source : PLU du Havre)

Et si la légende du tunnel secret reliant le Prieuré à l’extérieur du clos n’était pas si extravagante ?

Et si, par un réseau de captage dense, cette portion de la côte n’était pas un veritable labyrinthe ?

Je conclurais à la façon de notre explorateur de 1910, Robert Mauger

 

“Certitude vaut mieux que supposition”

 


Sources


Bibliographie :

“Recueil des Amis du Vieux Havre n° 5"

Mauger Robert ( pour le Prieuré)

Wikipedia

PLU de la ville du Havre

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